CHAPITRE 1 : LES ANNEES 30
L’histoire commence par une rencontre amoureuse. JEANNE et JEAN sont destinés à se rencontrer. JEAN est un garçon ambitieux, bon vivant. Natif de Thizy, petite ville très active, située dans les montagnes du matin, avec une tradition textile très ancrée depuis le XVIII siècle, il est naturellement embauché dans une manufacture de vêtement ou il apprend le métier de coupeur pour lequel il est très doué. Jeanne, elle, habite au pied des montagnes du soir dans cette plaine autour de Roanne ou le tissage mais aussi la confection est l’activité principale. C’est une couturière qui travaille à domicile comme il était de coutume à l’époque.
Nous sommes dans l’entre deux guerre et les années folles sont synonymes de renouveau. L’électricité supplante la vapeur pour activer les métiers à tisser. Les entreprises de tissage sont florissantes tandis que le tricotage prend de plus en plus d’importance grâce à l’apport d’une communauté ouvrière venue des pays de l’est de l’Europe. Des grandes marques, encore présentes aujourd’hui sur le marché du prêt à porter féminin, voient le jour.
La rencontre amoureuse se transforme en contrat de mariage mais aussi en contrat professionnel pour ces deux êtres complémentaires. Issus d’un milieu modeste ils partagent la même ambition de s’élever dans l’échelle sociale de l’époque. Le premier investissement est une machine à coudre pour confectionner les chemises sur mesure des notables de la ville. Les journées de quinze heures sont leur quotidien et une volonté farouche de réussir anime le jeune couple.
GINETTE, au début de cette décennie, va naitre de cette union.
Peu de documents subsistent de cette époque et c’est la tradition orale qui prend le relais. Je me rappelle notre mère nous expliquant qu’elle jouait sous la table de la cuisine au milieu des chutes de tissu, tandis que la sienne piquait à la machine. Il suffisait de traverser la rue pour trouver les matières pour confectionner les chemises, chez un grossiste ou un tisseur.
Employé dans une manufacture de chemises du quartier MULSANT, JEAN installe sa petite famille rue Pierre Dépierre mais l’ambition le dévore et il ne songe qu’à se mettre à son compte.
La décennie se termine sur les mouvements ouvriers dans une ville restée calme tandis que se profilent les années de guerre. JEAN part sous les drapeaux.